LES CARLINES

C’est sous un joli nom de fleurs que défilent ces sonneurs de cloches ! Le vocable sonne claire comme une clarine ! Le nom de ce groupe est celui du chardon des alpages (carline vient de cardina en italien qui vient de cardo le chardon en latin, qui a donné aussi la cardère). Il ressemble un peu à un artichaut au milieu d’une rosette de feuilles, découpées comme celles d’acanthes. Séché il décore les chalets avec son cœur de poils bruns et ses jolies feuilles argentées.

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Ils sont une vingtaine aujourd’hui, hommes et femmes, suisses et français, faisant partie d’une seule région, le Chablais, à cheval sur la frontière. L’association a son siège à Vacheresse, commune entre Evian et Abondance, au nom prédestiné pour une association de sonneur de cloches… de vaches ! Au départ, il y a 15 ans, ils étaient trois amis franco-suisses qui voulaient perpétuer les traditionnelles fêtes de l’emmontagnée et de la désalpe. D’ailleurs, sous Vacheresse par la vallée de la Dranse d’Abondance, on monte à Châtel et à La Belle Dimanche, fête traditionnelle alpestre de la fin août. Ils y ont leur place attitrée.

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La coutume viendrait de Suisse. Elle est très importante en Suisse centrale. Les trychlers sont les sonneurs qui ont dépendus les toupins accrochés au chalet pour l’hiver, et qui se promènent de ferme en ferme afin de chasser les mauvais esprits du solstice de décembre ou du carnaval de février avec leur charivari.

Il faut être costaud pour porter la cloche à deux mains et la passer en appui d’une jambe sur l’autre, mais comme les tonalités sont différentes en fonction de la taille de la cloche, pour un défilé harmonieux, plusieurs grosseurs sont nécessaires, et donc, on y accepte même les femmes qui n’ont pas fait de bodybuilding ! Il suffit de trouver sa cloche à soi. Le fin du fin et de se faire offrir, pour un anniversaire, une cloche avec un beau collier de cuir bien travaillé. Car une sonnaille vaut son prix et il faut être un amoureux des belles sonorités pour en acquérir pour soi ou pour ses vaches. On reconnait les troupeaux dans les alpages par l’harmonie de leur carillon. Celles des Carlines pèsent tout de même entre sept et treize kilos.

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Il y a les clarines, en bronze coulé, au son aigu, fabriqués par les fondeurs ( voir ici ) et les toupins ou potets, en acier martelée, au son plus grave suivant l’épaisseur de la tôle, fabriqués par des forgerons à froid.

Les Carlines ont à leur actif plusieurs cadences et, à l’arrêt, exécutent différentes figures pour agrémenter leur prestation et faire connaître le patrimoine alpin. Sobre et remarqué, leur costume est une chemise blanche avec un gilet noir et un pantalon noir. L’accessoire indispensable, c’est le chapeau ! Chapeau savoyard de feutre noir, avec galon à fleurs, couverts de broches et pin’s. Chapeau que l’on soulève après chaque morceau. Applaudissez messieurs dames !