LE PROJET SCHINEAR

La première fois que nous les avons vus et entendus, dans une petite salle, en toute intimité, ce fut un choc. Le choc des sons et des mélodies, actuels, traditionnels, d’ici et d’ailleurs, qui se croisent et s’entrelacent comme dans un rêve. Pour tous les spectateurs qui ont apprécié Egshiglen, le trio monghol, à la dernière édition, et ils sont nombreux, voici un petit goût des yourtes et des chevaux sauvages dans l’immensité des steppes rases ou des montagnes de l’Iran et de Turquie.

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Le projet Schinear est un trio français né de la rencontre de trois musiciens, l’un du Sud de la France, Maxime Vidal, avec sa guitare, sa mandole, et ses percussions, l’autre du Nord de la France, Denis Spriet, avec son accordéon et ses compositions, et le troisième qui vient… de Chine, avec son Erhu. Li’iang Zhao est arrivé à l’université de Marseille en 2012 pour faire de la chimie. Mais il a préféré la musique. Et il est resté en France.

Ils ont choisi ce nom de Shinear parce que c’est un mot rare, qui apparait huit fois dans la Bible, pour désigner les plaines du Sud de la Mésopotamie, c’est-à-dire la Babylonie, là où la tour de Babel a été construite, et détruite quand les tribus se sont dispersées sur la Terre en parlant des langages différents. Shinear c’est avant la Tour de Babel. Quand tout le monde comprenait tout le monde.

Maxime, l’ethnologue du groupe, explique que la musique relie des cultures qui n’ont rien à faire ensemble, qui paraissent même antinomiques. On retrouve des sons dans la tradition bulgare qui sonnent comme la tradition auvergnate par exemple. Qui dit groupement humain dit musique. Tous les peuples trouvent leur liberté dans la fête, dans la danse, le chant et la musique. C’est leur dénominateur commun. Dans les mariages de toutes les cultures il y a la musique. Le projet Schinear pense transversalité entre les cultures et plutôt que de voir la diversité des façons de voir comme une différence, ils préfèrent s’appuyer sur un terreau commun pour pouvoir apprécier ces différences. C’est ainsi qu’ils pensent le métissage et leur relation à tous les trois.

Ils ont donc emprunté à la culture de chacun et aussi à l’Irlande, l’Iran, l’Inde ou les Balkans pour composer des morceaux dont le point commun est le rythme, l’énergie, l’émotion. Comme il n’y a pas de frontière entre les vécus, il n’y a pas de frontière entre les styles de musique. Ils ont fait des arrangements comme ils le sentaient et nous aimons leurs goûts.

Au festival du Son Continu en 2016

Denis Spriet est diplômé d’une licence de musicologie et d’un certificat de fin d’études musicales d’Accordéon. Il a étudié pendant 2 ans au CNIMA Jacques Mornet qui est une haute école d’accordéon en Limousin. Il fait partie d’un groupe klezmer « déjanté ». Il fait aussi des ciné-concerts et des contes musicaux. Son instruments et ceux de ses compagnons est bien décrit sur la page de leur site dédiée.

Li’ang Zhao est originaire de la ville Qufu comme Confucius. Si ! Il en a certainement appris sa sagesse. C’est une ville remplie de monuments historiques au Nord de Beijing (Pékin). Il est musicien professionnel de erhu   (er se prononce plutôt arrr avec une rétroflexion que les occidentaux ne sont pas capables de faire) et veut dire : deux, pour les deux cordes qui sont sur le manche rattaché à la calebasse recouverte de peau de serpent ; et de sa version plus grave, le Zhonghu. C’est certainement un objet qui est venu en Chine il y a 1000 ans depuis la Mongolie. D’ailleurs les visiteurs du Feufliâzhe 2017 ont pu voir un instrument qui lui ressemble, le Morin khuur, joué par le groupe mongol Egschiglen.    Il a été adopté par les chinois qui en jouent comme un violon, de façon tout à fait classique, comme dans les opéras chinois. Li’ang a été initié aux musiques balkaniques, éthiopiques, et au jazz. Il propose donc une autre façon de jouer de ces instruments, moins classique, beaucoup plus rock…

Maxime Vidal a fait des études en psychologie et en anthropologie et beaucoup de voyages (Balkans, Andalousie, Burkina Faso, Sibérie). C’est pourquoi il verse dans les musiques traditionnelles. Il est aussi contrebassiste dans un groupe klezmer. Il connait la technique du chant de gorge, le khöömii, entendu aussi avec les Egschiglen et que certains ont pu pratiquer en stage en 2017. Il joue de la mandole kabyle  et des percussions.

Vendredi soir 5 juillet en deuxième partie de concert, vers 21h30

Contact :

www.projet-schinear.com